TOUT SAVOIR DE L’HISTOIRE DU CAFÉ !

Voilà plus de 4 siècles que le café est arrivé en Europe. Cette boisson énergisante a rapidement été appréciée au fil du temps, tant pour ses propriétés que pour son caractère social. On partage volontiers un café en discutant, et ce, depuis toujours. Et c’est probablement cet aspect, lié au partage et à l’échange qui l’a parfois rendu controverse…

Ces petits grains, si anodins pour nous aujourd’hui, ont longtemps été au cœur de polémiques, d’interdictions, entraînant même parfois des révoltes au fil de l’histoire, aussi bien dans leur pays d’origine qu’en France. C’est seulement au prix d’un long périple, historique et géographique, que le café est devenu la boisson que l’on connaît aujourd’hui.


Comment ces « cerises » de café originaires d’Ethiopie se sont répandues à travers le monde pour donner aujourd’hui un des produits les plus consommés au monde ? Comment de simples grains de café ont réussi à mettre en danger des rois et des empereurs au cours de l’histoire, du monde arabe à l’Europe ?

LA DÉCOUVERTE DU CAFÉ

La légende dit que c’est à un berger d’Abyssinie (actuelle Éthiopie) que l’on devrait la découverte du café. C’est en voyant que ses chèvres étaient plus agitées que d’habitude après avoir ingéré les fruits d’un arbuste, qu’il décida d’essayer d’en consommer lui-même. C’est donc lui le premier qui aurait noté l’effet énergisant de la caféine contenue dans les cerises des plants du caféier arabica.

 

Il partagea alors sa découverte avec la communauté soufie des environs. Ces derniers en firent une décoction dans de l’eau, qu’ils apprécièrent rapidement, du fait qu’elle leur permettait de ne pas s’endormir pendant la prière.

 

Malgré la beauté des légendes, la science tend à rationaliser les faits pour faire émerger la vérité. C’est ainsi qu’une étude biologique a mis en évidence l’origine du café. Le caféier arabica serait bien originaire d’Ethiopie, où il serait en réalité consommé depuis la préhistoire par les ancêtres des peuples de cette région du monde. Des fouilles ont mis en évidence que des préparations à base de café faisaient partie de leur régime alimentaire (breuvage ainsi que préparations de plats).

Pour ce qui est de la première trace écrite relative au café, elle date du 9ème siècle, dans un ouvrage médical, qui sera ensuite repris par Avicenne, médecin et philosophe perse, qui le citera dans le « Canon de la médecine » rédigé au 11ème siècle. Il y décrit les effets du café et de la caféine sur l’organisme, plus particulièrement sur le système digestif.

 

Au cours de siècles suivants, le café traversera les frontières des pays d’Orient, grâce notamment aux voyageurs partis en pèlerinage vers la Mecque. Ils emportaient avec eux les précieux grains leur donnant de l’énergie pour leur long périple. La propagation se fit alors vers le Yémen et le reste du monde arabe, rendant la plante toujours plus populaire et appréciée.

LES DÉBUTS DE LA CULTURE DU CAFÉ

Les recherches scientifiques attestent du fait que c’est au Yémen que la culture des caféiers a débuté. A l’époque de Soliman le Magnifique, sultan de l’empire Ottoman qui régna sur une bonne partie du bassin méditerranéen et de l’Europe centrale, la domestication et la culture du café commencèrent.

Maîtrisant la production de la plante ainsi que la torréfaction des grains, le peuple ottoman consommait le café de façon courante. Au fil des conquêtes faites par ce Sultan au cours du 15ème siècle, la consommation commença donc à se répandre dans les différents pays annexés, rendant ce breuvage de plus en plus populaire, largement au-delà des frontières de l’Ethiopie et du Yémen.

C’est alors à Moka, que la plus grande partie du négoce se réalisait à l’époque. C’est dans ce port que la plupart du café voué au commerce transitait vers les autres pays.

LE CAFÉ, UNE BOISSON CONTROVERSE

C’est au 16ème siècle que les premiers cafés commencent à voir le jour en Egypte et dans la région autour de la Mecque. On venait y boire le fameux breuvage, bavarder, y échanger des idées, le tout entouré de gens de toutes conditions sociales. C’est au même moment que pour la première fois de l’histoire un dirigeant remit en question le droit de consommer du café. Comme le dit le Coran, toute substance enivrante est interdite à la consommation. C’est le Sultan du Caire qui leva cette interdiction à grand renfort d’argument médicaux, et affirmant que la consommation de café s’inscrivait parfaitement dans le respect des lois édictées par Allah lui-même !


Un épisode similaire eut lieu lorsque des cafés ouvrirent en Syrie, attirant scientifiques, lettrés et savants de l’époque. Malgré les interdictions, la boisson controverse continua d’être bue et appréciée par toujours plus de consommateurs à travers tout le monde arabe.


Sous couvert de non-respect des lois religieuses, les autorités redoutaient en fait la naissance de bulles de contestation dans les cafés, soulevées par les penseurs de l’époque. On y échangeait des idées, des modes de pensée, remettant parfois en question le pouvoir établi… La préparation énergisante exacerbait les érudits, les amenant à partager leurs doutes, faisant naître de nouveaux courants de pensée. Comme souvent, la nouveauté effraie les autorités ! Le grain de café représentait donc à lui seul la défiance de l’autorité et la possibilité de la remise en question de l’ordre même de la société ou de la religion en place.

Pour autant, à cette époque, on commença à trouver de plus en plus des débits de boissons proposant du café à Bagdad, à Istanbul, à Damas, ainsi que dans de nombreuses cités du monde arabe. Rien n’arrêtait son expansion et sa distribution, pas même les autorités religieuses et politiques.

L’ARRIVÉE DU CAFÉ EN EUROPE

Ce sont les commerçants italiens, spécialisés dans le commerce d’épices entre l’Orient et l’Europe, qui les premiers ont introduit le café en Europe. C’est au début du 17ème siècle que les premiers grains de café ont été emmenés en Italie. Seulement quelques années plus tard, la fameuse boisson commença à se répandre, d’abord chez les moines et les commerçants, puis auprès du peuple. L’entourage du pape de l’époque, Clément VIII, lui conseilla d’interdire le café en le déclarant boisson d’infidèle. Provenant de pays musulmans, les cardinaux entourant le Saint Père voyaient d’un mauvais œil le fait que cette boisson soit introduite de l’autre côté de la Méditerranée. Ce dernier n’en fit rien. Après y avoir goûté, il déclara qu’il eut été dommage de laisser le plaisir de cette boisson aux seuls infidèles !


Les marchands hollandais ont également permis aux fameux grains de voyager. A l’époque, les commerçants ottomans ébouillantaient les grains de café afin que ces derniers ne puissent être mis à germer. Pourtant, Pieter Van der Broecke, capitaine d’un navire marchand hollandais parvint à se procurer quelques graines intactes. Ce sont elles qui ont servi à l’introduction de plantations en Europe, en Asie, ainsi qu’aux Antilles !

En parallèle, au milieu du 17ème siècle, des cafés commencèrent à ouvrir en Angleterre. Une fois de plus, intellectuels et libres penseurs s’y retrouvaient pour échanger et deviser. Il n’en faudra pas plus pour que le procureur du roi Charles II déclare la fermeture obligatoire de ces lieux, où idées libérales et pamphlets étaient largement partagés entre les contestataires de l’époque. Face à la fronde du peuple, l’interdiction sera rapidement levée, et seulement 50 ans après l’Angleterre comptait près de 2000 cafés répartis sur tout le territoire britannique.

En France, c’est à Marseille que le café fut introduit sur le territoire. Importé d’Egypte à l’initiative d’un commerçant marseillais en 1644, la consommation s’est rapidement popularisée, suffisamment pour qu’en 1671 le premier café français voie le jour dans la cité phocéenne. Ce n’est qu’en 1669 que les précieux grains torréfiés arrivèrent à Paris, avec la visite de Solimane Aga, émissaire du sultan de l’Empire ottoman. Outre le fait que la tentative de rapprocher la France et la Turquie fut un fiasco, Solimane a permis au roi Louis XIV de goûter au breuvage qui se répandait peu à peu dans les cours d’Europe.

Le saviez-vous ? C’est en France, que pour la première fois la percolation sera utilisée pour la préparation du café. Jusqu’alors, seule l’infusion permettait la préparation des grains.

En 1715, c’est le bourgmestre d’Amsterdam qui offrira quelques caféiers à Louis XIV lors de la signature du « traité du café ». Ce dernier s’empressa de les confier aux jardiniers du Jardin du Roi, qui en prirent le plus grand soin. C’est ainsi que quelques années plus tard, sous le règne de Louis XV, des plants seront introduits à la Réunion, à Bourbon, permettant ainsi à la France de devenir autonome en possédant ses propres plantations. C’est ensuite en Martinique puis en Guadeloupe que des caféiers seront introduits pour garantir la production nécessaire au royaume français.

Entre temps, l’Autriche et l’Allemagne avaient elles aussi succombé au plaisir que procure le café. Des établissements proposant la désormais célèbre boisson y virent le jour à partir de la fin du 17ème siècle. C’est à la suite de la déroute de l’armée turque, que les viennois goûtèrent au café, grâce à la découverte d’un stock de cerises vertes laissées derrière eux. C’est un polonais qui profita de cette manne et ouvrît le premier établissement viennois.

La suite logique de cette expansion devait mener le café outre-Atlantique, en Amérique.

L’INTRODUCTION DU CAFÉ DANS LE RESTE DU MONDE

Tout d’abord, le café atteignit l’Amérique du nord en 1689. Bien que largement peuplé d’immigrants anglais adeptes du thé, le pays en fit rapidement la boisson nationale. L’épisode de la Boston Tea Party, durant lequel les stocks de thé anglais furent coulés par les habitants nord-américains marqua une réelle scission avec la couronne britannique, qui tirait un avantage économique indéniable des taxes récoltées grâce aux exportations de thé. C’est alors le café qui supplanta le thé anglais.


Au fil du temps, pour répondre à la demande européenne, le café est introduit en Amérique du sud, au Brésil et en Colombie notamment, où la culture représentera une importante partie des revenus tirés de la terre. Malheureusement, c’est grâce à l’esclavage que la production sera assurée, ne profitant qu’aux propriétaires d’immenses exploitations travaillées par des esclaves.


Au même moment, des caféiers sont emmenés en Inde, alors colonie britannique, afin d’assurer la mise en place de plantations suffisantes pour assurer la consommation de l’empire britannique. Malheureusement, l’ensemble des plantations souffrirent d’une maladie, devant être remplacées par du thé, plus résistant aux conditions locales.


La couronne hollandaise implanta ses cultures dans ses colonies en Indonésie.

 

Aujourd’hui, l’ensemble de la production provient de pays dont la latitude permet la culture du café. On parle de « la ceinture du café ». Ainsi, on en trouve en Amérique centrale par exemple (Mexique, Guatemala, Nicaragua, Honduras, etc…), en Amérique du sud (Colombie, Brésil, Equateur, Pérou, etc…), en Afrique (Ethiopie, côte d’ivoire, etc…), ainsi qu’en Asie (Vietnam, Indonésie, etc…). Compte tenu des conditions nécessaires à la conservation des plantations, c’est dans des pays où la flore est tropicale que l’arbuste coffea est généralement cultivé. Même si le robusta et l’arabica ne nécessitent pas les mêmes configurations pour pousser, il est néanmoins nécessaire que les températures soient propices pour que les plants des deux espèces puissent pousser correctement.

LE CAFÉ AUJOURD’HUI

Même si c’est la variété arabica qui a longtemps dominé l’ensemble de la consommation mondiale, le robusta est venu modifier les habitudes des consommateurs, permettant de choisir entre un café corsé et chargé en caféine (robusta) et un café plus aromatique et moins amer (arabica). De nombreuses marques proposent des assemblages pour permettre d’atténuer l’effet de l’un, ou accentuer l’amertume de l’autre.

Rares sont les plantes à avoir pu modifier à ce point les habitudes de l’homme à l’échelle mondiale au fil de l’histoire. Le café est désormais consommé sur tous les continents en devenant un produit de consommation courante.